1. Le transport et la logistique des fruits et légumes doivent répondre à des exigences bien spécifiques, y compris dans l’univers contraignant de la température dirigée. A quoi ressemble le quotidien d’un spécialiste de ces produits ?
Les fruits et légumes sont très exigeants. Ce sont bien sûr des produits sensibles et fragiles, qui impliquent des savoir-faire spécifiques pour les manipuler et les acheminer. Les fruits et les légumes imposent des horaires millimétrés et ne supportent aucune perte de temps entre la récolte et la vente au consommateur final.
En amont du transport, les produits doivent être ramassés à la ferme, auprès des producteurs et maraîchers. Cela implique pour les conducteurs d’effectuer de nombreuses étapes, ce qui génère parfois de l’attente voire des retards. En aval, la délicatesse des produits influence aussi les clients, qui mettent en place des processus dédiés. Les fruits et légumes doivent leur être livrés sur des plages horaires précises. Cela entraîne des difficultés pour les transporteurs : deux clients voisins peuvent nous imposer des horaires de livraison radicalement différents !
2. Les secteurs de la logistique et du transport en général font face à des difficultés de recrutement, comment agissez-vous ?
La politique salariale doit également permettre de bien valoriser les conducteurs : nous devons encourager ce métier difficile mais passionnant.
3. Vous venez de rejoindre le conseil d’administration de LA CHAÎNE LOGISTIQUE DU FROID, quelles sont vos attentes ?
Dans le passé, j’ai fait partie d’autres organisations de transporteurs, où j’étais le seul représentant du transport sous température dirigée. J’ai souhaité rejoindre LA CHAÎNE LOGISTIQUE DU FROID pour échanger avec mes pairs sur nos métiers et les sujets de préoccupation qui nous sont propres. Cela permet de se rendre compte que nous ne sommes pas seuls, et de réfléchir collectivement à des problématiques communes, comme celle du transport des palettes.
La motorisation et l’accès aux zones de livraison représentent un autre travail à mener en collectif. Nous sommes aujourd’hui à un carrefour : les constructeurs (de véhicules) proposent tous des solutions différentes, les critères d’accès aux villes ne sont pas harmonisés … Nous manquons de visibilité pour réaliser de nouveaux investissements – très lourds – dans de nouveaux matériels, alors que beaucoup de solutions, comme le tout électrique, n’ont pas encore fait leurs preuves de viabilité. Nous devons alerter les pouvoir publics sur nos difficultés à intégrer ces nouvelles contraintes et sur le manque d’harmonisation des exigences. Et cela va impacter tous les consommateurs : il existe un vrai risque de pénurie de marchandises !