Parlons-en !
Climat et résilience : la Chaîne Logistique du Froid face au défi de la transition
Le projet de loi dit « Climat et résilience » débattu par les députés en avril 2021 entend « verdir l’économie » et « donner les moyens aux entreprises françaises d’accélérer leur transition durable. »
Le projet de loi consacre un chapitre entier à « Améliorer le transport routier de marchandises et réduire ses émissions ». Parmi les mesures phares : le déremboursement progressif de la TICPE, jusqu’alors accordé aux acteurs du transport, l’instauration d’écotaxes régionales s’appliquant au transport routier ou encore la promotion d’une conduite respectueuse de l’environnement. Cette augmentation de la taxation des professionnels doit a priori servir à investir dans le développement de carburants et de modes de transport alternatifs.
Mais ces dispositifs qui visent à alourdir la fiscalité pour les transporteurs représentent un point de vigilance. Les écotaxes, la fin du remboursement partiel de la taxe sur les produits pétroliers peuvent constituer un frein à l’investissement pour réaliser la transition énergétique de notre filière.
Notre secteur a pourtant soif d’investissements conséquents à l’aune d’une rupture technologique qui s’annonce. Et pour laquelle la filière est déjà bien engagée. Les préoccupations environnementales sont cruciales pour notre filière de transport et logistique sous température dirigée.
Nous aurions toujours de bonnes raisons pour ne pas nous engager dans la transition. Notre impératif est pourtant de construire, aujourd’hui, un plan d’actions à long terme pour une filière plus vertueuse demain.
Valérie LASSERRE
Déléguée Générale de LA CHAÎNE LOGISTIQUE DU FROID
Camions frigorifiques : la transition est en route
Le hic ?
Intermodalité : un yaourt transporté et livré par le train, rêve ou réalité ?
Les députés chargés d’étudier la question complexe du transport vert ont débattu du report du transport routier sur des modes alternatifs : fleuves et voies ferrées sont devenues le leitmotiv des parlementaires. Un mirage ?
« En matière de logistique, rien n’est impossible. L’adaptabilité est d’ailleurs une des clés de réussite de notre filière frigorifique. » rappelle Valérie Lasserre. « Il faut cependant garder une vue d’ensemble sur le bilan carbone de chaque solution de transport, de la production d’électricité aux externalités négatives de chaque étape du transport » nuance Frédéric Vannson. « Mieux vaut aujourd’hui un camion nouvelle génération -qui n’émet quasi aucune particule- qu’une péniche au moteur diesel. » souligne-t-il.
Dans ce contexte, le ferroviaire semble avoir bon sur toute la ligne. Alain van Schaik, spécialiste des questions multimodales chez Thermo King, constructeur de groupes frigorifiques, précise : « Deux solutions coexistent aujourd’hui pour transporter des produits frais en train : le wagon réfrigéré (reefer) et le conteneur adaptable à la fois sur un camion et sur un train (caisse mobile). Cette seconde approche, beaucoup plus agile, répond parfaitement aux enjeux et à la structure actuelle des entreprises de transport, sans opposer les modes. ». Les exemples se multiplient à l’échelle européenne : la Suisse transporte le tiers de son trafic de marchandises via le train, les lignes ferroviaires longue distance se développent entre l’UE et la Chine, entre grands pôles urbains en Allemagne, entre les Pays-Bas et l’Italie. En France, FroidCombi et Rennes Terminal sont deux entreprises pionnières qui assurent respectivement des liaisons ferroviaires entre Avignon et Lille ou Paris, et entre Rennes et Lyon. Parmi les défis de l’intermodalité : « la traçabilité, car sans conducteur, nous devons développer des systèmes qui nous permettent de communiquer avec le chargement et d’intervenir à distance sur les containers et la marchandise. » complète Roland Duquesne, Directeur grands comptes chez Thermo King. Il en va de la sécurité alimentaire, l’obligation numéro 1 des entreprises actrices de la chaîne logistique du froid. Une infrastructure standardisée et à la hauteur constitue l’autre prérequis, afin que les entreprises ne perdent pas au change par manque de départs de trains ou par absence de voies ferrées.
« La route restera bien sûr essentielle pour accéder aux derniers points de livraison et compléter le maillage ferroviaire et fluvial. L’investissement sur deux fronts (le développement de l’intermodalité et celui du camion vert) ne pourra se faire sans un soutien financier à la filière, ni sans une réflexion politique nationale voire européenne pour penser l’infrastructure de demain, et garantir la souveraineté en matière d’approvisionnement alimentaire. Cela nous permettra de transformer ce défi en opportunité pour nos entreprises françaises de la logistique et du transport frigorifique.» conclut Valérie Lasserre.
Les chiffres clés
LA CHAÎNE LOGISTIQUE DU FROID représente aujourd’hui près de 120 entreprises ou groupes de transport et de logistique sous température dirigée pour compte d’autrui représentant :
- 50 000 salariés
- 80 000 véhicules
- 875 000 m2 stockage froid positif
- 8,5 M m3 stockage froid négatif
Membres associés :
- Transfrigoroute France est un organisme d’études techniques regroupant :
o Fabricants de matériels (carrosseries, poids lourds, groupes frigorifiques, hayons, télématique) ;
o Loueurs de véhicules frigorifiques ;
o Laboratoire d’essai d’engins frigorifiques.
- USNEF est un syndicat de branche ayant la responsabilité de l’animation de la Convention Collective des Exploitations Frigorifiques.
info@lachainelogistiquedufroid.fr