3 questions à … Thierry Allègre

31/03/2022
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Thierry Allègre - Martin Brower

Thierry Allègre dirige l’entité « Support aux opérations » de Martin Brower, groupe logistique spécialisé dans la chaîne d’approvisionnement de restaurants. Ses équipes pilotent, entre autres, la relation technico-commerciale avec le client de l’entreprise, la qualité,  l’environnement, les enjeux techniques, ainsi que les outils d’excellence opérationnelle des activités.

 

Vous venez de rejoindre le conseil d’administration de LA CHAÎNE LOGISTIQUE DU FROID ? Quelles problématiques collectives ont motivé cet engagement ?

Martin Brower s’est engagé de longue date dans l’USNEF et l’UNTF, et a rejoint LA CHAÎNE LOGISTIQUE DU FROID dès sa création. Rejoindre le conseil d’administration de LA CHAÎNE LOGISTIQUE DU FROID fin 2021 représentait une belle occasion de devenir partie prenante des actions qui s’engagent au niveau de la profession. Les enjeux de recrutement et d’attractivité, les problématiques liées au développement durable, le suivi de l’actualité … constituent des sujets transverses pour nos entreprises.

Nous traversons une période de fortes incertitudes et j’ai le sentiment que les situations  de gestion de crise  deviennent plus fréquentes, plus durables. Depuis peu, la crise liée à la guerre en Ukraine renforce une tendance inflationniste, perturbe les équilibres et fait craindre des ruptures dans la chaîne d’approvisionnement au sens large. Les entreprises de la chaîne logistique frigorifique doivent faire preuve d’adaptation voire de résilience.

 

Vous évoquez les enjeux de recrutement. Comment attirer vers les métiers de la logistique ?

Les métiers de la logistiques sont peu reconnus, c’est un travail « en coulisses ». Depuis quelques années, nous travaillons notre notoriété en développant notre marque employeur. En 2015, Martin Brower France a été la première entreprise du secteur transport-logistique à obtenir la labellisation « Top Employer France » et l’entreprise a conservé depuis ce label décerné chaque année. Cette reconnaissance à l’extérieur génère de l’attractivité. Depuis trois ans, nous sommes également labellisés « Happy trainees », un dispositif qui permet aux étudiants, alternants et stagiaires, de noter l’entreprise dans laquelle ils effectuent leurs missions. Les commentaires positifs sont un vrai argument en faveur de l’entreprise pendant les périodes de recrutement.

 

Sur le plan de la transition environnementale, quels sont les chantiers en cours ?

Le premier défi concerne la stratégie de verdissement de notre flotte de véhicules. Nous ambitionnons d’être « 0 gasoil » en 2025. D’autres fortes attentes environnementales pèsent également sur les entreprises. La loi Climat et Résilience oblige les villes de plus de 150000 habitants à mettre en œuvre une ZFE (zone à faible émission) au plus tard le 1er janvier 2025. Partiellement en place depuis 2021, la réglementation de certaines villes prévoit d’ores et déjà l’interdiction du diesel à un horizon court terme. Ce sera le cas de Paris (2024), Grenoble (2025) ou Lyon (2026). Nous devons prendre aujourd’hui des décisions de remplacement de véhicules qui impliquent des surcoûts, des investissements massifs, alors même qu’aucune décision n’est harmonisée ni coordonnée sur le plan national, et que la situation du point de vue du carburant n’a jamais été aussi instable.

Pourtant, les problématiques sociales et environnementales s’intègrent pleinement dans les stratégies des entreprises logistiques et chez nos clients. Nos plateformes n’utilisent  plus de fréon (gaz halogénés) (installations exclusivement CO2 ou ammoniac/CO2) pour produire le froid. Sur la partie carburant, actuellement près de 80% des véhicules Martin Brower roulent avec un B100 de deuxième génération (issu des huiles de fritures des restaurants). Emmanuel Macron vient d’ailleurs d’annoncer le 30 mars 2022 que les véhicules “B100 irréversibles” (qui ne peuvent fonctionner qu’avec ces biodiésels à base d’huiles végétales) pourraient bénéficier de la vignette Crit’air 1.

Dans une logique d’économie circulaire, nous menons également avec certains restaurants, un test de récupération de déchets organiques, au moment de la livraison avec des véhicules équipés de cuves externes. Ce substrat collecté est ensuite consolidé sur notre centre de distribution avant d’être transporté chez un méthaniseur qui le réinjecte sous forme de biométhane dans le réseau GRdF. Ce pilote vient en complément d’une systématisation de la collecte de flux « reverse logistics », dont les premiers flux (cartons) datent de 2000.

Le plus important, me semble-t-il, est d’être partie prenante de cette responsabilité sociale et écologique commune, et de chercher par itération à diminuer notre empreinte carbone.

 

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