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17/03/2021
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L’édito

Brexit, quel impact pour la chaîne logistique du froid ?

C’est officiel depuis le 1er janvier 2021. Après un feuilleton politique et législatif long de 5 ans, le Royaume-Uni quitte l’Union Européenne et son marché unique, rétablissant de facto une barrière douanière à sa frontière. La circulation des biens et des personnes s’en trouve bouleversée. En première ligne, les produits frais et surgelés, risquent d’être impactés. Sur le terrain, les incertitudes persistent.

 

Le Brexit entré en vigueur au premier janvier a d’abord affecté les flux en provenance du Royaume-Uni. En effet, certains destinataires des marchandises sous température dirigée ne s’étaient pas forcément préparés à la déclaration en douane devenue obligatoire pour les produits en provenance du Royaume-Uni depuis le début de l’année. Cela s’est ressenti dans les volumes d’affaires des transporteurs et logisticiens présents sur ce marché.

 

Nos adhérents ont encore une fois montré leur capacité d’adaptation rapide. En quelques jours, les acteurs de LA CHAINE LOGISTIQUE DU FROID ont déployé de nouveaux processus complexes pour assurer la fluidité et la sécurité du transport de marchandises. Nous sommes aujourd’hui engagés dans un travail de pédagogie auprès des industriels expéditeurs qui ne se rendent pas encore compte que les processus de déclaration en douane et, dès 2022, l’obtention du passeport sanitaire pour les produits animaux et végétaux, relèvent de leur responsabilité.

Chaque maillon de la chaîne du froid a un rôle à jouer !

Valérie LASSERRE
Déléguée Générale de LA CHAINE LOGISTIQUE DU FROID

Un Brexit en deux temps : vigilance pour le sens des exports

« La date du 1er janvier 2021 est en réalité quelque peu trompeuse » prévient Shane Brennan, délégué général de la Cold Chain Federation, qui représente les acteurs britanniques du stockage et du transport sous température dirigée. Cette date correspondait à la reprise des contrôles douaniers pour le trafic au départ du Royaume-Uni et à destination de l’Europe.

Dans le sens Europe > Grande Bretagne, les contrôles douaniers à la frontière ne s’appliqueront qu’à l’issue d’une période de transition qui doit laisser le temps aux britanniques de mettre en place les contrôles. Pour l’instant, les transporteurs et logisticiens du continent n’ont été que peu impactés.  Une phase transitoire en plusieurs étapes a été mise en place par les autorités britanniques. Elle devait conduire à un dispositif de contrôles sanitaires et phytosanitaires (SPS) stabilisé au 1er juillet 2021.  Cette date vient d’être repoussée par les autorités britanniques, qui s’accordent un délai de préparation supplémentaire. « Aujourd’hui seuls les animaux vivants et les produits ultra-sensibles font l’objet de contrôles en Angleterre. A compter du 1er janvier 2022, tous les produits d’origine animale, ainsi que tous les végétaux et produits végétaux dits « réglementés », devront également faire l’objet d’une pré-notification et être accompagnés de certificats (phyto)sanitaires. » alerte Shane Brennan.

Transporteurs & industriels : déployer rapidement de nouveaux processus

Certaines entreprises françaises ont déjà pris le virage de la transition. Franck Prié dirige LIA (Logistique internationale alimentaire), une entreprise de transport, spécialisée dans l’acheminement depuis la France de produits frais et surgelés pour le compte d’industriels de l’agro-alimentaire. L’entreprise réalise plus de 20% de son chiffre d’affaires dans les échanges avec le Royaume-Uni.

« Le Royaume-Uni est un marché porteur, sensible, et stratégique pour nous. Le Brexit a sonné au départ comme une mauvaise nouvelle pour nous. Mais nous nous y sommes préparés depuis des mois. Nous avons fait appel à l’équipe de déclarants en douane d’une autre société du groupe, spécialisée dans le fret aérien et maritime sous température dirigée. L’intégration de ces référents spécialisés dans l’administratif douanier nous a permis de mettre à disposition de nos clients un service supplémentaire. » raconte-t-il. « Depuis quelques semaines, tout fonctionne de manière assez fluide, pour les flux existants. On observe cependant un impact non négligeable sur la quantité de marchandises qui passe la frontière. Certains clients ont eu tendance à stocker ce qui pouvait l’être. D’autres ont suspendu un temps leurs activités le temps de se poser en observateurs. » poursuit Franck Prié.

Filière froid : quel impact à long terme ?

Le fléchissement des échanges est aujourd’hui très net, mais « difficile de savoir dans quelle mesure la baisse de volumétrie est imputable au Brexit ou au Covid-19 » accorde Valérie Lasserre. « Avec la reprise, nous pouvons craindre que les échanges routiers de produits frais et surgelés deviennent le métier de quelques entreprises ultra-spécialisées sur ce marché, laissant de côté les plus petits acteurs. » analyse- Valérie Lasserre déléguée générale de La Chaîne Logistique du Froid, qui représente les acteurs du secteur.

Côté britannique, Shane Brennan envisage même une modification plus profonde de la filière froid. « Nous pouvons envisager que la part des échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et le reste du monde augmente dans un futur proche. Aujourd’hui, sur les 40% de produits frais ou surgelés que le Royaume Uni importe, 90% viennent de l’UE. A terme, nous pourrions nouer des relations avec d’autres pays fournisseurs, plus éloignés. Cela modifierait le paysage de la chaîne du froid britannique, réduisant peut-être la part du transport routier au profit de l’aérien et du maritime. »

Zoom sur : la frontière intelligente… la réponse européenne

En France, les villes portuaires de Calais et Dunkerque concentrent 70% des échanges entre le Royaume-Uni et l’Europe. Au fur et à mesure des discussions politiques, autorités, infrastructures portuaires, industriels et entreprises de fret ont pu prendre le temps de se préparer. Les douanes françaises ont développé un système informatique permettant aux opérateurs d’automatiser le passage de la frontière par les poids-lourds. Cette « frontière intelligente » s’applique à tous les points d’entrée et de sortie du secteur.
Les nouvelles modalités douanières impliquent que les déclarations de douane soient identifiées par un code barre que le chauffeur doit détenir. L’objectif est de lier les plaques d’immatriculation du poids-lourd avec sa ou ses déclarations en douane ou déclaration de transit. Le système fait déjà ses preuves à l’arrivée en France du fret britannique. Dès l’arrivée en France (via les ports de la Manche et de la mer du Nord, ou via EuroTunnel), les plaques d’immatriculation des camions sont détectées et scannées. Le système relie alors la plaque aux documents douaniers préalablement associés. Au passage effectif de la frontière, le transporteur est automatiquement aiguillé vers une file de contrôle, ou sur la ‘file verte’, sans arrêt.

Lien utile :
En savoir plus sur les contrôles sanitaires et phytosanitaires à l’arrivée au Royaume-Uni : https://agriculture.gouv.fr/le-brexit-et-les-controles-sanitaires-et-phytosanitaires

Les chiffres clés

LA CHAÎNE LOGISTIQUE DU FROID représente aujourd’hui près de 120 entreprises ou groupes de transport et de logistique sous température dirigée pour compte d’autrui représentant :

  • 50 000 salariés
  • 80 000 véhicules
  • 875 000 m2 stockage froid positif
  • 8,5 M m3 stockage froid négatif

Membres associés :

  • Transfrigoroute France est un organisme d’études techniques regroupant :

o   Fabricants de matériels (carrosseries, poids lourds, groupes frigorifiques, hayons, télématique) ;
o   Loueurs de véhicules frigorifiques ;
o   Laboratoire d’essai d’engins frigorifiques.

  • USNEF est un syndicat de branche ayant la responsabilité de l’animation de la Convention Collective des Exploitations Frigorifiques.
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