Dans les coulisses de la logistique Fruits & Légumes
Le marché des fruits et légumes est dynamique bien que soumis aux aléas de la météo. En effet, le climat impacte doublement le marché : réduction de la production en cas de météo difficile (froid ou sécheresse) et baisse de la consommation de certains fruits et légumes (tomates, concombres, melons, etc.) en cas d’été peu ensoleillé. Ainsi, si l’année 2020 a été excellente en terme de météo, de production et de consommation, l’année 2021 s’est révêlée plus difficile pour les maraîchers qui ont dû faire face à un été mitigé d’un point de vue métérologique[1] et donc du point de vue de la consommation.
Le marché des fruits et légumes est complexe, sensible à de nombreux imprévus. Ses besoins en logistique peuvent varier du simple au double en quelques jours. En haute saison, les besoins sont tels qu’ils peuvent nécessiter des acheminements journaliers pour garantir la fraicheur des produits.
Des horaires millimétrés et des flux imprévisibles
Derrière ces flux logistiques, se cachent des acteurs engagés : c’est aux transporteurs et aux logisticiens d’assurer la bonne connexion entre les producteurs et les revendeurs. Vincent Verbeke, Directeur des Transports Verbeke & Fils, explique : « Les fruits et légumes sont exigeants. Ce sont des produits sensibles et fragiles, qui impliquent des savoir-faire spécifiques pour les manipuler et les acheminer. Les fruits et les légumes imposent des horaires millimétrés et ne supportent aucune perte de temps entre la récolte et la vente au consommateur final ».
En amont du transport, les produits doivent être ramassés à la ferme, auprès des producteurs et maraîchers. Cela implique pour les conducteurs d’effectuer de nombreuses étapes, avec les risque d’attente et de retards que cela implique. En aval, les clients mettent en place des processus dédiés pour accueillir la production sur leurs sites. Les fruits et légumes doivent par exemple leur être livrés sur des plages horaires précises, entraînant parfois des difficultés pour les transporteurs : deux clients voisins peuvent imposer des horaires de livraison radicalement différents, c’est alors aux transporteurs de s’organiser pour concilier les besoins de tous les acteurs de la chaîne ! « Nous nous devons d’avoir une implantation locale forte dans les bassins de production. En outre, l’histoire agricole et industrielle des régions impacte notre manière de travailler avec nos clients, plus ou moins structurés en coopératives, plus ou moins digitalisés selon les secteurs » précise Ludovic Calarnou , Directeur des Transports Mesguen, pour lesquels les fruits et légumes représentent 60% du chiffre d’affaires. « Ce sont les flux de marchandises les plus complexes à gérer » indique-t-il. « La météo décide de tout : à la fois de la production et des envies des consommateurs, qui ne s’alignent pas toujours. Il n’y pas de prévisionnel possible, les flux et les volumes à transporter sont connus à la dernière minute. Les fluctuations de volumes peuvent varier d’un facteur + ou – 50% d’un jour à l’autre ». Les entreprises du transport et de la logistique doivent pouvoir mobiliser dans une temps record une dizaine ou une vingtaine de camions pour répondre au contexte du jour.
Un filière qui travaille sa résilience face au changement climatique
Les transporteurs subissent également les transformations structurelles du secteur maraîcher, en particulier liées au changement climatique. « La Bretagne, où nous sommes implantés, est une région de production importante et fournit aux consommateurs et industriels français les choux, artichauts, salades, tomates, poireaux, endives, oignons, pommes de terre et légumes anciens… Au sein d’une catégorie de produits, les maraîchers cultivent de nouvelles variétés, dans l’optique d’augmenter la résilience des productions face au changement climatique » rappelle Ludovic Calarnou. « Depuis quelques années, l’offre française a tendance à se complexifier, à se diversifier et à rapatrier certaines productions ».
[1] https://www.franceagrimer.fr/fam/content/download/67258/document/NCO-FL-2021-09-21.pdf?version=1