Joseph-Honoré Ricard, un visionnaire du froid
Ingénieur agronome, homme politique et ancien président et président d’honneur de l’Association française du Froid (AFF), Joseph-Honoré Ricard, né le 3 décembre 1880 au Bouscat en Gironde fait figure de visionnaire quant à l’avenir du froid lorsqu’il énonce : « Autrement dit, l’équipement frigorifique de notre agriculture est la condition première de la réussite d’une chaîne frigorifique nationale, laquelle est indispensable à la France pour se mettre dans les compétitions mondiales à parité des grandes nations modernes. »
Après de brillantes études il est diplômé ingénieur de l’Institut national agronomique. Il se spécialise alors dans les problèmes de mutualité, d’assurances et d’organisation des syndicats. Il occupe, dans son début de carrière, des postes importants à l’Union des syndicats agricoles et à la Société des agriculteurs de France.
Mobilisé en 1914, il est réformé pour une grave affection des yeux et entre au ministère de l’Agriculture où il occupe différents postes, et notamment la direction du service de l’immigration et de la main d’œuvre agricole. Il effectue des missions à l’étranger qui lui valent la Légion d’honneur. En 1919, il fonde la Confédération nationale des associations agricoles et il se distingue en créant un organisme dont l’objet était d’occuper les chômeurs et les réfugiés dans les travaux des champs.
Ingénieur agronome, homme politique et président de l’Association française du Froid
Bien qu’il n’ait pas de carrière politique et ne soit pas parlementaire, considéré comme l’un des meilleurs spécialistes des problèmes du monde rural, il devient ministre de l’Agriculture le 20 janvier 1920 et, nommé trois fois. Il le restera jusqu’au 16 janvier 1921 dans les gouvernements d’Alexandre Millerand puis de Georges Leygues. Il eut comme sous-secrétaire d’Etat à l’Agriculture Henri Queuille, futur ministre et en particulier ministre de l’Agriculture, président de l’Association française du froid (AFF) et président du Conseil de la IIIe République. Grand défenseur du syndicalisme agricole, il s’est toujours opposé aux méthodes bureaucratiques.
En tant que ministre de l’Agriculture, Joseph-Honoré Ricard s’intéressa au froid industriel. Il présida le 21 juin 1920, la Convention des délégués de 42 pays pour la création de l’Institut international du froid (IIF) à l’initiative des associations françaises et néerlandaises du froid. Il créa la même année au sein du ministère de l’Agriculture la Commission permanente du froid ancêtre du Conseil national du froid. C’est également sous son ministère que fut reconnue l’utilité publique de l’AFF le 29 juillet 1920.
L’intuition de l’importance du froid pour l’agriculture
Après son expérience ministérielle, Joseph-Honoré Ricard poursuivit une carrière au sein des conseils d’entreprises maritimes, comme administrateur de la Compagnie générale transatlantique, de la Compagnie de navigation sud-Atlantique, de Bordeaux-Bassens, de la navigation mixte ou l’’Entreprise maritime et commerciale. Il est aussi nommé président du conseil d’administration de la Société des voyages et hôtels Nord-Africains.
Quelque 8 ans après son départ du ministère de l’Agriculture, Joseph-Honoré Ricard succéda, en 1928 à la présidence de l’Association française du froid, à son fondateur André Lebon, ancien ministre comme lui. Sous sa présidence, l’AFF organisa le Palais du froid lors de l’Exposition universelle de Paris en 1937 (et sa curieuse Tour à neige), puis en 1939, les Journées du froid de l’exposition du Progrès de Lille, en 1942 celles de Lyon et en 1943 celles de Paris. C’est également sous sa présidence que l’AFF créa l’Institut français du froid industriel (IFFI). Joseph-Honoré Ricard présida l’association jusqu’en 1946. C’est Henri Queuille qui lui succéda.
Joseph-Honoré Ricard, un auteur prolixe
Joseph-Honoré Ricard fut également un auteur prolixe. Il présenta en 1945 à l’Académie des sciences coloniales puis à l’Académie d’agriculture une brillante étude sur l’équipement frigorifique des colonies et des localités rurales françaises. Il est l’auteur, entre autres, de État actuel de la flotte frigorifique française qui fut l’objet d’une communication à l’Académie de marine en 1932, Journée française du froid, note de l’AFF en 1943, Défendons le vin, paru chez Dubois et Bauer en 1922 ou Le grand tourisme dans le Nord-Africain. En 1928, paraît L’œuvre du président Dal Pia. Il a également préfacé de nombreux ouvrages. Joseph-Honoré Ricard a aussi utilisé le pseudonyme de François Leterrien pour publier L’appel de la terre (1915-1918) édité chez Payot en 1919.
Il fut aussi actif à l’Académie d’agriculture de France où il remplaça Jules Méline. Il fut aussi membre de l’Académie de marine et de l’Académie des sciences d’Outre-Mer. Joseph-Honoré Ricard était commandeur de la Légion d’honneur. En 1934, il prit également la présidence du Comité national des conseillers du commerce extérieur de la France.
Après cette brillante carrière et sa vision futuriste de l’agriculture : « Point n’est besoin d’être prophète pour prévoir que dans l’après-guerre, les agricultures de tous les pays vont se trouver en présence de problèmes nouveaux et qu’elles sont appelées à se livrer entre elles à des compétitions plus ardentes que jamais » affirmait-il le 11 avril 1945 à l’Académie d’agriculture de France », Joseph-Honoré Ricard s’est éteint le 12 décembre 1948 à l’âge de 68 ans à son domicile de Neuilly.